lundi 29 septembre 2014

Narcissique à ces heures perdues

Raynaldo Pierre Louis
Bah ! Le narcissisme est loin d’être subversif. C’est cette autre/haute capacité de s’exulter, de sublimer son être ou l’enjoliver dans le culte du moi. C’est mon véritable sacerdoce royal.  C’est ma propre main qui me caresse, qui me câline, qui me chatouille tendrement dans les vestibules de ma conscience. Autosuffisance. C’est un sport jouissif où l’on tâte ses globules blancs, ses globules rouges, ou ses cellules les plus diverses. C’est une thérapie lyrique, un massage si suave se faisant par soi-même. Ataraxie…ou enthousiasme parfait. Masturbation de mots à éveiller mon plaisir masculin, mon plaisir d'être moi-même. Un ruisseau. Un cours d’eau. Un torrent. Un fleuve tranquille débordant dans le corps. Une cascade intérieure irriguant les sens. Quelle volupté ! Je mange le venin de mon cerveau bruyant, libère l’harmonie psychique. L’euphorie des mots éclate mes veines. Le miel coule au cadran de l’horloge. « L’autre » est nul à ces heures perdues. Je me mire dans mon propre miroir intérieur. Un autre carrefour où se rencontrer, redécouvrir toute sa splendeur intérieure pétillant de mille soleils merveilleux quand tout devient si fade dans la gueule de l’homme. Le monde grouille bêtement, et je retourne sur moi-même comme le ressac marin. Ma joie ne vient pas du monde, c’est plutôt moi qui l’invente aux fournaises de mes pensées, au fin fond du labyrinthe de l’âme, dans les cheminées de la mémoire.  Le monde est une boule de sottise roulant sur mon crâne. Bulldozer meurtrier roulant sur le ventre.  Mais  je m’aime. Je vis.  Je me transporte aux confins de mon être. Je nage en moi dans mon immensité bleue-verte-rosâtre. Flottant en moi comme la barque en pleine mer.  Je m’invente un chaos mielleux, m’y perds dedans voluptueusement. Je suis beau, en moi-même, pour moi-même,  dans ma glace, et nul souci d’être beau dans le miroir de l’autre, quand on est déjà beau pour soi-même.

Et quand tu auras compris que « l’autre » ne pourra jamais combler tes besoins du cœur, ou tes besoins affectifs, tu apprendras toi-même à te donner de l’affection… 

Alors je m’aime, comme cette idole bariolée, tabou brisé de tous les vents du monde. 

© Raynaldo Pierre Louis,
 Narcissique à ses heures perdues

Saint-Domingue, 29 septembre 2014

1 commentaire:

  1. un retour sur soi même, une introspection n'est-elle pas nécessaire pour mieux se connaitre vraiment et comprendre qui on est ? très beau texte ...

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