Raynaldo Pierre Louis |
Bah ! Le narcissisme est
loin d’être subversif. C’est cette autre/haute capacité de s’exulter, de
sublimer son être ou l’enjoliver dans le culte du moi. C’est mon véritable
sacerdoce royal. C’est ma propre main
qui me caresse, qui me câline, qui me chatouille tendrement dans les vestibules
de ma conscience. Autosuffisance. C’est un sport jouissif où l’on tâte ses
globules blancs, ses globules rouges, ou ses cellules les plus diverses. C’est
une thérapie lyrique, un massage si suave se faisant par soi-même. Ataraxie…ou enthousiasme parfait. Masturbation de mots à éveiller mon plaisir masculin, mon
plaisir d'être moi-même. Un ruisseau. Un cours d’eau. Un torrent. Un fleuve
tranquille débordant dans le corps. Une cascade intérieure irriguant les sens.
Quelle volupté ! Je mange le venin de mon cerveau bruyant, libère l’harmonie
psychique. L’euphorie des mots éclate mes veines. Le miel coule au cadran de
l’horloge. « L’autre » est nul à ces heures perdues. Je me mire dans mon propre
miroir intérieur. Un autre carrefour où se rencontrer, redécouvrir toute sa
splendeur intérieure pétillant de mille soleils merveilleux quand tout devient
si fade dans la gueule de l’homme. Le
monde grouille bêtement, et je retourne sur moi-même comme le ressac marin. Ma joie ne vient pas du monde, c’est plutôt
moi qui l’invente aux fournaises de mes pensées, au fin fond du labyrinthe de l’âme,
dans les cheminées de la mémoire. Le
monde est une boule de sottise roulant sur mon crâne. Bulldozer meurtrier
roulant sur le ventre. Mais je m’aime. Je vis. Je me transporte aux confins de mon être. Je
nage en moi dans mon immensité bleue-verte-rosâtre. Flottant en moi comme la
barque en pleine mer. Je m’invente un
chaos mielleux, m’y perds dedans voluptueusement. Je suis beau, en moi-même,
pour moi-même, dans ma glace, et nul
souci d’être beau dans le miroir de l’autre, quand on est déjà beau pour
soi-même.
Et quand tu auras compris que «
l’autre » ne pourra jamais combler tes besoins du cœur, ou tes besoins
affectifs, tu apprendras toi-même à te donner de l’affection…
Alors je m’aime, comme cette
idole bariolée, tabou brisé de tous les vents du monde.
© Raynaldo
Pierre Louis,
Narcissique à ses heures perdues
Saint-Domingue,
29 septembre 2014
un retour sur soi même, une introspection n'est-elle pas nécessaire pour mieux se connaitre vraiment et comprendre qui on est ? très beau texte ...
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