mercredi 10 septembre 2014

L’insuffisance du langage…

Raynaldo Pierre Louis, Saint-Domingue. 2014.
Tu sais poète : pour corroder le métal de mon âme, j’ai eu recours à l’écriture. S’exacerber dans le bocage des mages, à outrance l’on se bouquine. Et la mémoire bourbeuse : réfléchit la lourde lumière, des astres-voyageurs… Illumination de vases. Supernova de sangs. Fioritures-fournitures. Ô novation ! Thématique exanthématique, où les mots se régalent de la jouissance en enfer. Conceptualiser l’écriture sans méthode, et pêle-mêle, je : jongleur brasse les mots, tels matériaux dérisoires… Ceci est un poème pour dire…, que le langage n’est jamais suffisant. Un poème cumulo-nimbus. Véritable cure-pipe de ma pipe de mots. Je suis monté, sur le ventre de l’humanité, pour quereller avec l’existence. Je m’ignore quelquefois, ignore les innombrables interrogations existentielles, et vis de manière plus vague, dans toute la lumière m’embrasant, dans le creux furtif des saisons…

Moi j’écris pour me saigner…, me blesser rudement…, pour que la plaie soit plus rouge, et la pierre plus austère ; que les branches de l’arbre soient planches, dans le festin de la nuit blanche. Je tapote la porte des désirs béants, azur-blessures cicatrisées. J’ai la géographie des papillons. J’ai la rouge iconographie des automnes. Et ceci est bien mon poème, tarabiscoté, travesti en visages multiples… Terrasser l’hiver dans sa marche absurde. Oui mon poème. Un poème mille pattes, déposant ses pieds partout dans le non-lieu. Mon poème ne finit pas. Nulle finitude. Et l’espace –temps en est trop petit, je vis hors-temps, hors d’espace, forger un milieu sans largeur ni longueur, pour me perdre et me pendre à contre-courant. Cette immensité est donc trop étroite. Oui je vis hors-temps, où les calculs d’heure n’existent guère. C’est une infinité de millénaires, collée au front de mon poème, mon poème, oui mon poème, pour dire l’insuffisance du langage. Ensiler l’été de l’encre. Gravitent les vapeurs…, en sens vertical du rêve.

Je navigue entre mers et villes, me libère et m’emprisonne.  Je coiffe l’exil, ô exode demi-consciente. Je rature ce siècle, de hiéroglyphes palpables..., les scribes reviennent à l’ère moderne. Clairon. Clairon. La lyre se promène dans les montagnes du cerveau. J’interpelle la démence, dans la spirale de l’opium. Ivresse. Toujours ivresse. Saoulerie d’un ivrogne acharné. Évoé !!! Oui, et la mémoire divague, de sphères en sphères. J’ai ma main plus vaste que moi, plus têtue que moi, perdue aux pays virtuels ; alors les abeilles rôdent, aux alentours de ma main. Errer. Vaguer. Voguer. Vautrer. L’on s’en fou désormais, la quête intérieure continue. Je suis un animal dans la nuit, un nuage qui passe, un météore éblouissant. Et mon poème s’évade avec moi-même, tel papillon de mai…

© Raynaldo Pierre Louis,
Lundi 25 novembre 2013,
Saint-Domingue, Villa Mella, Valle Hermoso

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