dimanche 11 janvier 2015

Critique de Jean Yves Métellus sur '' La Sveltesse de ma Danse '' de Raynaldo Pierre Louis



''La Sveltesse de ma danse '', troisième recueil de poésie de Raynaldo Pierre Louis, est une chorégraphie nourrie par la source à la fois intemporelle et immanente de l’amour. Et le partenaire attitré pour cette danse est sans ambages la muse du poète. Si le thème de danse est repris ici, c’est pour mieux exprimer le corps à corps et l’osmose des sens ressentis dans l’aventure poétique, le corps textuel qui ne laisse pas moins des pores ouvertes sur le contextuel. Nous n’avons certes que les milles images du poète qui font valser la femme, la faisant prendre toutes les formes, toutes les figures du syllogisme. Mais cela est au fait un pur témoignage, infaillible et émouvant. Et le lecteur ne peut que cautionner l’ontologie des êtres dans leurs marches existentielles. Nait ainsi toute une mémoire universelle, mythologique et poétique. Défilent des visages connus : Ronsard, Aragon, Coicou, Eluard… tous ceux qui d’une manière ou d’une autre ont immortalisé leurs douces moitiés ou l’astre hallucinatoire et donné à la poésie romantique ses heures de gloire. 

Danser avec un être qui sans cesse se métamorphose, prenant les airs d’Aphrodite, se change en ronronnements de vagues, en astres lumineux, « oiseau de mer », tout en restant le même, nécessite de la part du poète un immense pouvoir pour rester dans le mouvement. Si un certain dieu l’a fait par amour pour des femmes, déesses ou simples mortelles, pourquoi un homme doublé d’un poète, ne le ferait-il pas pour sa partenaire de danse, sa muse essentielle ? Alors, lui aussi par sa grâce devient oiseau, les prémices de « son alphabet d’amour », et j’en passe. Oui ! Par elle, son « corps se renouvelle », il « ondule » en elle ou succombant sous ses charmes, il se laisse emmener au-delà des sphères par son sourire, sa silhouette pour l’osmose parfaite : « et nos gestes, nos regards s’emmêlent, s’entrecroisent pour peupler la nuit », nous dit le poète. En vérité, face à la muse salutaire qui produit, ici comme ailleurs, la sève essentielle, le poète demeure un fidèle disciple qui n’a cure des redondances d’images, ni des mots hors-saison pour justifier sa souveraineté. On y voit même l’émergence d’une esthétique de la contemplation devant ce corps qui se déploie, svelte et multiple au souffle du poème.

Que la danse continue !

© Jean Yves Métellus,
Canada, décembre 2013


Jean Yves Métellus

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