« Epopée de la nuit première
heure »
est le livre qui passe le chiffon sur les anciens corps. Il prône évidemment la
souveraineté individuelle de l'homme et annonce cette étonnante révolution
rimbaldienne, celle dont Rimbaud rêvait toujours.
Mais l'auteur (John Nash F. Agera) nous dit que « les humains manquent de construction intellectuelle », que le monde est vieux de concepts
archaïques et il semble que l'Humanité n'est pas encore prête pour de telle révolution. Il fait donc
alors l'éloge d'une Saison en enfer, du Mythe de Sisyphe, de l'Homme Révolté, de Freud, et j'en passe...Une invitation à fustiger la morale institutionnelle, cette « morale
d’esclaves » comme pourrait l’appeler Nietzsche, la substituer de toute évidence à « la morale des maîtres ». Un
réquisitoire contre les vendeurs d’arrière-monde. Une gifle à l’Humanité. En effet l’astre/l’axe de l’univers ne
tourne qu’au présent dans cette sombre atmosphère aussi rude et sidérante. Par
conséquent l´instant présent y est célébré et mis en exergue comme unique
facteur de bien-être ou de bonheur. L’idéal ascétique est annihilé et l’homme y
est invité à vivre pleinement ses passions et ses désirs dans l’éphémérité des choses. Des mots qui me brassent les biles, m’emmerdent au plus haut
point. Un monde grouillant d’énergie, tourbillon volcanique de mots/maux chaudés bondés de philosophie à longueur de pages. Un
livre qui émane du fin fond de la thébaïde existentielle et qui peut choquer
bien entendu par sa toute puissante tonalité ahurissante, et, l’auteur, est
affranchi de toutes contraintes civiles. Mais il le sait et assume pleinement
tous les risques du langage, en connaît effectivement toute son utilité
apparente : « Le langage recouvre des degrés multiples de compré-hension
et d’interprétation de la réalité objective : en verticalité, en transversalité,
en affectivité, et il est souvent inutile de parler ». Mais
de quelle planète vient John Nash ? Il n’est pas en effet de la planète
terre, il est d’un autre souffle, d’une autre vigueur, d’une autre vision,
d’une autre pensée…
© Raynaldo Pierre Louis,
Poète-écrivain
République
Dominicaine, novembre 2014
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